- Les prix de l'électricité doivent continuer à "évoluer pour refléter les coûts", estime le PDG d'EDF Pierre Gadonneix.
- Un
appel du pied au gouvernement qui intervient alors qu'EDF avait
annoncé, il y a quelques jours, un surcoût de 20% sur le chantier de
son réacteur de troisième génération EPR.
Le prix de l'électricité en France est largement inférieur à la moyenne européenne. Les Français bénéficient de la compétitivité d'EDF et je m'en réjouis. Ceci étant, il faudra bien un jour que les prix continuent à évoluer pour refléter les coûts". Par "
évoluer", il faut évidemment comprendre "
augmenter". Cet appel discret, mais néanmoins fort clair en faveur d'une
hausse émane du PDG d'
EDF,
Pierre Gadonneix, qui s'exprimait mardi sur la radio BFM.
Même si le marché est ouvert depuis le 1er juillet 2007,
EDFn'est en effet pas libre de fixer ses propres tarifs. Pour ses clients,
la facture finale dépend de deux facteurs, fixés tous deux par le
gouvernement : le tarif d'utilisation des réseaux publics d'
électricité,
réévalué tous les deux ans en fonction des propositions de la
Commission de régulation de l'énergie, et le prix de fourniture de l'
électricité proprement dit, qui dans le cas d'
EDF est réglementé. Il est fixé par les ministres de l'Economie et de l'Energie sur proposition d'
EDF.
Dans le cas des autres opérateurs au contraire, seul est fixé le tarif
d'utilisation des réseaux, et le prix de fourniture de l'
électricité peut varier de l'un à l'autre.
"
Le nucléaire reste compétitif"
Mais pour le gouvernement, une augmentation des tarifs réglementés de l'
électricité n'est "
pas d'actualité".
Luc Chatel s'est montré clair jeudi dernier à ce sujet. Et l'argument de la
hausse des coûts ne semble pas pour l'heure avoir ému en haut lieu, alors que l'annonce d'une augmentation des tarifs de l'
électricité,
en pleine marasme économique, risquerait d'avoir des
conséquences politiques plutôt dommageables. Au chapitre des coûts
pourtant,
EDFavait annoncé la semaine dernière une augmentation de 20% de la facture
de construction de l'EPR de Flamanville, à 4 milliards d'euros contre
3,3 milliards prévus initialement, en raison notamment de la
hausse du coût des matières premières.
Pierre Gadonneix s'est d'ailleurs expliqué de nouveau mardi sur cette facture alourdie : assurant que ces prévisions revues à la
hausse représentaient "
l'estimation définitive" du coût du chantier, le patron d'
EDF a néanmoins répété que l'énergie nucléaire restait compétitive. Malgré la baisse du prix du pétrole.
"
Le
nucléaire est tout à fait compétitif (...) à condition d'être construit
de manière industrielle, c'est-à-dire que je crois beaucoup au fait
d'avoir une flotte de centrales qui sont toutes les mêmes, un effet de
série", a poursuivi
Pierre Gadonneix. "
EDF
est le seul au monde à avoir construit 58 centrales (...) Et le fait
d'avoir pu construire 58 centrales du même type a apporté une économie
d'échelle considérable", a-t-il ajouté. A noter toutefois que les "
scénarios actuels" sur lesquels s'appuie le patron d'
EDFpour assurer que le nucléaire reste compétitif tablent sur un prix du
baril de brut compris entre 60 et 80 dollars. Vendredi, le baril est
tombé à moins de 40 dollars à Londres, après un record à plus de 147
dollars début juillet.