Un rapport sénatorial, rendu public
mardi, propose la création d'un "jardin d'éveil", nouveau service
public à mi-chemin entre la crèche et l'école.Dans le cadre du débat ouvert l'été dernier par le ministre de l'Education nationale,
Xavier Darcos,
sur la scolarisation des enfants âgés de 2 à 3 ans, des sénateurs ont
rendu public mardi un rapport dans lequel ils proposent la création
d'un "
jardin d'éveil". Ce
"jardin d'éveil" serait une "
structure innovante à mi-chemin entre la crèche et l'école" qui "
précèderait l'entrée à l'école maternelle", écrivent les sénateurs UMP
Monique Papon (Loire-Atlantique) et
Pierre Martin (Somme) au nom du groupe de travail sur "
la scolarisation des jeunes enfants". Ce
"lieu d'éducation et d'éveil s'inscrirait dans le cadre de la politique familiale comme un nouveau service public", ajoutent-ils.
A la base de cette proposition, un double constat fait par les sénateurs : d'une part l'école offre
"un milieu peu adapté aux enfants de deux ans" et leur scolarisation est
"une fausse bonne idée pour la réussite scolaire", mais d'autre part les modes de garde de la petite enfance (
crèches, assistantes
maternelles, etc.) sont insuffisants, alors que la natalité est dynamique. Les auteurs reconnaissent d'ailleurs que dans ce
"contexte de pénurie" la scolarisation à deux ans est perçue comme une "
opportunité" pour pouvoir concilier vie familiale et professionnelle.
L'exception française
La France, avec la Belgique, fait donc figure d'exception en Europe en acceptant d'accueillir à la
maternelleles enfants dès l'âge de deux ans. Tout au long des années 1990, plus
d'un enfant de deux ans sur trois a été scolarisé dans le public et le
privé (34,1% en 1999), mais depuis le taux a baissé, pour atteindre
20,9% en 2007. En outre, selon le rapport, de
"fortes disparités territoriales permettent de s'interroger sur la maîtrise de la politique de scolarisation précoce".
Par exemple, environ 60% des enfants de deux ans étaient scolarisés en
2007 dans le Finistère ou le Morbihan, contre 2,5% en Haute-Savoie ou
5,0% en Seine-Saint-Denis. Le rapport s'engage donc clairement en
faveur d'une solution alternative à la scolarisation précoce, un sujet
polémique.
Au-delà de propos sur les "
siestes" et les
"couches" jugés méprisants par les syndicats enseignants,
Xavier Darcos a estimé cet été que la question de la scolarisation des deux-trois ans devait être
"débattue". Pour le syndicat SE-Unsa, la scolarisation précoce doit rester une option : il déplore que les enfants soient
"ravalés à une simple marge de manoeuvre budgétaire" servant à "
justifier les suppressions de postes".
Dans leur rapport, les sénateurs ne cachent pas que le
"jardin d'éveil"est inspiré des conclusions d'un rapport de la députée UMP Michèle
Tabarot, influencées par la Révision générale des politiques publiques
(RGPP), politique de réforme de l'Etat et de réduction de ses dépenses.
Les sénateurs socialistes et communistes n'ont pas souhaité souscrire à
cette proposition, craignant notamment "
la fin de la gratuité d'accueil" ou le "
risque de coût transféré aux communes".